Ma vie est une rivière enchantée # 1

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Quand j'étais gamine, mon grand-père m'emmenait souvent au Jardin d'Acclimatation. On allait à la Porte Maillot prendre le petit train qui nous conduisait jusqu'à l'entrée du Jardin. Une fois passée celle-ci, on arrivait directement devant les glaces déformantes, objets de fous rires perpétuels. Juste après, il y avait la rivière enchantée. Là ça dépendait des fois. J'étais souvent si pressée de voir les animaux et les attractions que celle-ci ne m'attirait pas vraiment. Pourtant j'aimais bien cette ballade au fil de l'eau et le photographe qui nous attendait à l'arrivée, histoire de saisir ce moment de bonheur pour l'éternité. Ma mère doit bien avoir une photo chez elle, il faudra que je la recherche à l'occasion.
Images du temps passé, des jeux innocents et souvenirs de ceux qui nous ont quittés depuis longtemps déjà.
C'est drôle les souvenirs. Ils se déroulent dans votre tête comme un vieux film en noir et blanc, on retrouvent des sensations, des odeurs fugitives. Des flashs. Le guignol au fond du parc, les ours qui tournaient en rond, la guimauve, les barbes à papa. Et Papi si beau avec ses cheveux blancs et ses yeux bleus, ombre tutélaire parmi d'autres silhouettes si floues. Il nous a quitté trop tôt. Les gens qu'on aime s'en vont toujours trop tôt.
J'angoisse toujours autant mais cette angoisse a désormais un objet. Une hyper quelque chose qui me rend excessivement plus vulnérable que d'habitude aux évènements, mes émotions me submergeant sans que je ne puisse y faire grand chose. Agressivité, violence, bonheur, stress professionnel, tout passe comme au travers d'une loupe, sensations grossies mille fois, me laissant à chaque fois sur le carreau. Ou presque.
La présence d'autres êtres humains me rassure énormément. Je leur parle, je participe, je travaille, j'échange (pour Dominique, j'ai même commencé à gérer des réunions Culture toute seule). Le retour à la solitude et au calme pourtant bien nécessaires me fait peur sans que sache vraiment pourquoi. Peut être que l'enfant solitaire à qui son grand-père donnait la main est devenue une femme qui a besoin aussi de cela. Quelqu'un qui l'emmène sur la rivière enchantée en la serrant très fort contre lui et en lui disant de ne pas avoir peur...

Photo : Leo Fuchs - Parce que mon grand-père était presque aussi beau que Grégory Peck.


5 murmures:

Anonyme a dit…

Vos mots portent sous jacents mes souvenirs de ce jardin, de ce train, de ces attractions, jardin où je suis retourné grandi quand le musée en herbe naissait, puis,avec mes enfants et d'autres, vivre des joies et des plaisirs à nouveau partagés qu'ils gardent eux aussi, et raconteront. Il m'arrivait de patiner avec ces patins à roulettes de fer dans les allées extérieures...
Tout est par vos mots si vivant que ces moments sont bien proches.

Heureuse rencontre.

Arann

Bunny a dit…

Mes enfants y sont allés aussi Arann, puis nous avons quitté Paris et nous n'y sommes plus jamais retournés. Il faudra que j'y fasse un pélerinage à mon prochain passage.
Belle nuit à vous.

dominique a dit…

C'est drôle que tu parles du jardin d'acclimatation parce que la Dame va probablement s'y produire pas plus tard que dimanche prochain... Moi aussi j'y allais petit, mais je ne me souviens que des glaces déformantes.
Et bravo pour la réunion...
Quant à ton histoire de Bach et de Mozart alors là mort de rire le dom !

Bunny a dit…

Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez vous Dominique, il me semble me souvenir que c'était la devise de ton ancien blog.
Je penserai à la Dame dimanche, j'aimerai bien la voir chanter un jour.
Baby come back... je ris encore aussi.

Marcus a dit…

C'est un bien joli billet que tu nous livres là.
Ton grand-père aurait très certainement été fier et heureux de ce regard tendre, s'il avait pu le lire.

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